Genève

Élections: décryptage d'une droite en perte de repères

21.10.2025 18h48 Rafael Pacheco

sean muller

Les élections de dimanche ont confirmé la fragmentation de la droite genevoise. Pour le politologue Sean Müller, le PLR s’affaiblit, le Centre résiste et l’UDC profite d’un climat national favorable. Décryptage d’un échiquier politique singulier.

L’élection complémentaire qui a élu Nicolas Walder au Conseil d’État dresse plusieurs constats. La disparité au sein d’un canton, le déchirement d’une droite ou encore des alliances à deux vitesses. Pour Sean Müller, politologue à l’Université de Lausanne, les résultats de dimanche illustrent «deux Genève» qui se différencient par la densité. Le politologue voit dans ce résultat le reflet d’une division plus large: «Il y a deux Genève, comme il y a deux Suisse : l’une urbaine, multiculturelle, où ça bouge, et l’autre plus rurale, plus tranquille, où l’on préfère la stabilité.»

Sur la droite, le constat est sévère. Genève, note-t-il, «est un paysage politique particulier », sans parti ultra-dominant et «où tout bouge dès qu’il n’y a pas de leader fort». «C’est beaucoup plus compliqué à Genève qu’ailleurs», note le spécialiste.

Sur les trois grands blocs politique qui semblent se dessiner à Genève, comme ailleurs en Suisse, le politologue constate un Centre affaiblit, mais qui doit continuer de se distinguer de la gauche et de la droite. «Si le Centre s’allie trop avec la droite radicale, il risque de disparaître. Au même titre que le PLR s’il penche trop à droite», résume-t-il. Les récentes altercations entre centristes et libéraux-radicaux sont-elles le déchirement de trop ? «C’est l’avenir qui nous le dira», répond Sean Müller en renvoyant vers les élections fédérales et cantonales à venir.

Un PLR allié et cannibalisé par l’UDC

Pour Sean Müller, l’alliance PLR-UDC est incompréhensible. Selon lui, des milliers d’études démontrent que dans un tel schéma, c’est toujours la droite dure qui ressort gagnante. Le politologue y voit donc un PLR à la longue cannibalisé par le parti agrarien et s’interroge sur les têtes penseuses libérales: « Je ne comprends pas pourquoi des dirigeants continuent sur cette voie».

Quant à l’avenir, sur les cantonales en 2028 notamment, Sean Müller voit l’UDC « plus proche que jamais d’entrer au gouvernement genevois», portée par un contexte international tendu et un électorat préoccupé par le pouvoir d’achat, le coût de la vie et les questions migratoires.