Et si un vol comme au Louvre arrivait à Genève ?
Le spectaculaire cambriolage du Louvre relance la question de la sécurité des musées. À Genève, pas de joyaux de la Couronne, mais des musées publics et privés dépositaires de vrais trésors. Sont-ils bien protégés ? Difficile d’obtenir des détails : la discrétion reste la règle. Mais le Musée d’art et d’histoire et le Musée international de la Réforme ont accepté de nous entrebâiller la porte.
Ici, au Musée international de la Réforme (MIR), le vol commis au Louvre aurait presque fait sourciller Jean Calvin. En tout cas, il a fait réfléchir son directeur. « C’est clair que tout professionnel de musée, après ce qui est arrivé, s’est posé des questions. Il ne faut pas s’endormir sur ses lauriers », confie Gabriel de Montmollin, directeur du MIR.
Dans ce musée privé, livres anciens, gravures et peintures de maîtres sont sous surveillance constante : caméras dans chaque salle, rondes régulières, alarmes multiples. Mais ici, la règle d’or, c’est la discrétion, insite le directeur.« On a toute une série de systèmes, mais évidemment, qu’on ne va pas dévoiler. Nos agents d’accueil sont très attentifs à toute attitude suspecte, c’est une des priorités du musée. »
De fait, le MIR consacre entre 5 et 10% de son budget à la sécurité — un effort conséquent pour une institution de cette taille.
Protocole commun pour les institutions de la ville
Du côté des musées de la Ville de Genève, la vigilance est collective.
Depuis un audit d’Interpol en 2013, la Ville applique un protocole commun à toutes ses institutions. Un protocole mêlant systèmes techniques et surveillance humaine. Chaque année, 2,9 millions de francs sont consacrés à la surveillance avec 72 ETP dans le domaine de la sécurité. Des moyens qui profitent notamment au grand paquebot du patrimoine genevois, le Musée d’art et d’histoire (MAH).
Marqué par le cambriolage spectaculaire du Musée de l’horlogerie en 2002, le MAH a depuis modernisé ses systèmes et renforcé la formation de son personnel.
« Depuis l’audit d’Interpol, nous adaptons chaque année nos dispositifs : formations, caméras, systèmes d’alarme… », explique Dominik Remondino, responsables des collections du Musée d’art et d’histoire. En cas de vol d'un objet «la perte est financière certes, mais pour un musée, elle est avant tout patrimoniale, car l'objet est la pluspart du temps irremplaçable. »
Le vol au musée du Louvre rappelle qu'aucun musée n’est totalement à l’abri des malfaiteurs.
Mais parfois, il y a des miracles : une bague volée au MAH dans les années 60 a refait surface il y a deux ans dans une vente aux enchères. « Tout vient à point à qui sait attendre », dit le proverbe. Et justement, dans les musées, on sait attendre.