Genève

Genève d’hier en 200 photographies

20.10.2025 18h03 Denis PALMA

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Elles sont rares et précieuses. Les photographes Viviane et Christophe Blatt publient un ouvrage rassemblant 200 clichés de Genève datant du XIXe et du début du XXe siècle. Ce livre exhume une cité laborieuse et insalubre, bien avant la grande transformation amorcée dès les années 1850.

Ces images figurent parmi deux cent autres que le couple a patiemment sélectionnées. Il aura fallu une année entière à Christophe Blatt et à son épouse Viviane pour mener à bien ce projet de mémoire. « Le premier cliché date de 1850, explique Christophe Blatt. On y voit Genève encore ceinte de ses murs, avec ses trois portes d’accès. Le photographe, Louis-Georges, était peintre. Pour réaliser son image, il s’est installé sur les hauteurs de Saint-Jean. »

D’autres images racontent la ville au fil de ses mutations. Le port des Eaux-Vives, en 1850, montre des barques à voiles accostant sans moteur : « Imaginez les manœuvres pour reculer à quai, c’étaient de vrais exploits », sourit le photographe. Sur un autre cliché, la place Neuve, en 1865, révèle un tracé de tram… inchangé depuis. « À l’époque, c’étaient des trams hippomobiles, tirés par des chevaux, jusqu’en 1889. Les sièges sur le toit étaient réservés aux hommes, pour éviter qu’ils ne regardent sous les jupes des dames. »

Une ville laborieuse, populaire, insalubre

À cette époque, la technique photographique reste rudimentaire. « Les temps de pose étaient longs. Le photographe a donc placé des gens à différents endroits : certains restaient immobiles, d’autres bougeaient et apparaissent flous. »
Les clichés témoignent aussi d’une Genève bien différente de celle d’aujourd’hui : une cité populaire, encombrée et insalubre. « Ce n’était pas une belle ville, raconte Christophe Blatt. Les réfugiés arrivaient en masse ; on ajoutait des étages faute de place, les ruelles étaient étroites et ça ne devait pas sentir très bon. Sur l’île, il y avait des tanneurs, des boucheries ; les gens vivaient les uns sur les autres. »

Avec Genève en photographies anciennes, c’est une Genève oubliée qui ressurgit. Les visages, les ruelles et les quais d’autrefois racontent une ville simple, populaire, en pleine mutation. Un voyage fascinant dans le temps.