Genève

Le Grand Conseil genevois enterre le projet de budget d'Etat 2026

11.12.2025 16h24

Le Grand Conseil genevois enterre le projet de budget d'Etat 2026

La majorité de droite du Grand Conseil genevois a refusé jeudi l'entrée en matière sur le projet de budget 2026 de l'Etat (archives).

Photo: KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI

Genève débutera 2026 sous le régime des douzièmes provisoires. Fustigeant l'absence de réformes structurelles, la majorité de droite du Grand Conseil a refusé jeudi l'entrée en matière sur le projet de budget d'Etat 2026 fortement déficitaire.

L'entrée en matière a été refusée par 62 voix (PLR, Le Centre, UDC, LJS et MCG) contre 32 (PS et Vert-e-s), coupant court au débat budgétaire. Le projet de loi soumis en plénière présentait un déficit de 409 millions de francs, alourdi à 767 millions, suite notamment à une réévaluation à la baisse des revenus.

"Ce projet de budget ne constitue pas une base acceptable", a relevé Laurent Seydoux, député Libertés et justice sociale (LJS) et rapporteur de majorité. "Les dépenses du canton sont à un niveau tel que la marge d'action est dérisoire", a-t-il ajouté, en soulignant que les "réformes structurelles ne sont toujours pas au rendez-vous".

Le Conseil d'Etat devra représenter un nouveau projet de budget d'ici fin mars 2026. En attendant, les dépenses mensuelles de l'Etat seront calquées sur celles de l'exercice 2025, en tenant compte des crédits complémentaires votés ainsi que des charges contraintes prévues pour 2026. Les charges se montent à 11,238 milliards pour 10,551 milliards de revenus. Le déficit prévu est de 687 millions.

Economies attendues

Regrettant cette situation au nom du Conseil d'Etat, qui était présent in corpore, la Grande Argentière Nathalie Fontanet a déjà annoncé la couleur: "les yakafokon: ça ne fonctionne pas". Vu le délai, le projet de budget 2026 bis ne sera pas très différent de ce qu'il est aujourd'hui, a averti la ministre PLR.

Nathalie Fontanet a rappelé qu'un groupe d'experts a été mandaté pour proposer un projet d'économie de 500 millions de francs. Leurs conclusions sont attendues au printemps prochain. Les premières mesures devraient être intégrées dans le projet de budget 2027. La droite aimerait voir ces économies déjà en 2026.

Les déficits chroniques des budgets ne passent donc pas à droite. Fustigeant "l'incapacité du Conseil d'Etat à présenter un projet de budget digne", l'UDC appelle à refuser toutes les demandes de crédits complémentaires. Le parti a pris pour cible la nouvelle loi sur l'aide sociale qui "fait exploser les coûts". Le MCG a pour sa part critiqué les rétrocessions fiscales accordées à la France.

"Manque de courage"

Peu satisfaite du projet du budget 2026, la gauche voulait pourtant une entrée en matière afin de tenter de l'améliorer en plénière. "Ne pas avoir de budget ne permet pas de répondre aux besoins de la population", a mis en garde la députée socialiste Caroline Marti.

Exit les moyens supplémentaires pour répondre à la croissance du nombre d’élèves ou renforcer la protection des mineurs et des adultes, dont la demande de prise en charge est en nette augmentation, a souligné la députée socialiste. Il n'y aura pas non plus d'annuité et d’indexation pour les fonctionnaires.

Pour les Vert-e-s, le refus d'entrée en matière est un "manque de courage politique". De manière générale, la gauche a fustigé les baisses d'impôts votées en 2024, censées être indolores, mais qui ont débouché sur une baisse de recettes de 475 millions. Une critiquée balayée par la droite qui assume cette baisse d'impôt, "un bol d'air nécessaire pour la classe moyenne".

Dans la rue

Alors que le projet de budget était torpillé en plénière, la fonction publique prenait la rue après une demi-journée de grève. La manifestation a rassemblé 4000 personnes, selon la police. "C'est important pour nous d'être là en nombre contre toutes mesures d'économies. On le sera encore lors du dépôt du nouveau projet de budget", a réagi Geneviève Preti, coprésidente du Cartel intersyndical du personnel de l'Etat et du secteur subventionné.