Midis des Archives: l'histoire des vacances de patates
Depuis quand les écoliers genevois profitent-ils de congés à l’automne? Et pourquoi les appelle-t-on les vacances de patates? Une série de documents inédits présentés lors des Midis des archives retrace l’évolution du calendrier scolaire à Genève.
Dès 1428, Genève possède sa première "grande école". En 1553, Calvin fonde le Collège, destiné à former une élite. Sous l’Ancien Régime, les vacances existent déjà: elles suivent le rythme des fêtes religieuses et des travaux agricoles. Une tabelle de 1827 mentionne trois semaines pour les moissons et quatre pour les vendanges. «Il y a des jours de vacances avant les grandes communions, avant les revues des milices à Plainpalais, et puis pour les promotions. Et puis également, trois semaines de vacances en été pour les moissons et quatre semaines pour les vendanges», explique Emmanuel Ducry, archiviste d’État.
Les vacances de vendanges sont donc les ancêtres des vacances de patates. Cette appellation, en revanche, n’apparaît qu’après la Seconde Guerre mondiale. «Le terme de vacances de patates devient plus présent dans la presse à partir du moment où les vacances de vendanges disparaissent. Est-ce une façon de rappeler un passé agricole disparu? Ou une expression venue des cantons voisins? Toujours est-il que les vacances de vendanges s’effacent, remplacées par les vacances de patates avec le retour d’une semaine de congé en automne dans la seconde moitié du XXe siècle.»
Après la création de la commission de l’enseignement public en 1834, puis les révolutions radicales de 1842 et 1847, le rythme scolaire se différencie entre zones rurales et urbaines. «Les enfants participent alors aux récoltes pendant les vacances d’automne, tandis qu’en ville, les parents ne peuvent plus les accompagner. Le DIP adapte donc le calendrier: trois jours de congé pour les écoles urbaines, trois semaines pour les écoles rurales.»
À la fin du XIXe siècle, les communes rurales s’alignent progressivement sur le calendrier urbain. «Le mouvement s’amplifie après la Seconde Guerre mondiale: la voiture rapproche la ville de la campagne, l’agriculture se mécanise. Les vacances de vendanges disparaissent à la rentrée 1966-1967: tout le monde suit désormais le même calendrier, avec trois jours de vacances d’automne.»
En 1974, le calendrier scolaire actuel est adopté. Les élèves bénéficient dès lors d’une semaine de congé en février et d’une autre en automne.