Prime Energy Cleantech: des placements hasardeux découverts
Les auditions récentes des dirigeants, dont celle du 10 décembre, mettent en lumière des investissements éloignés des promesses faites aux investisseurs. Maître Pascal Petroz, avocat de victimes, réagit.
L’enquête pénale progresse dans le dossier Prime Energy Cleantech. Les procès-verbaux des auditions des deux dirigeants, que Léman Bleu a consultés, révèlent que des fonds levés auprès des épargnants n’ont pas été investis dans le solaire, comme annoncé, mais dans des sociétés tierces. Parmi elles, plusieurs entreprises actives dans le cannabis CBD, parfois liées personnellement à l’un des dirigeants.
«Mes clients voulaient investir dans le solaire, rien d’autre»
Maître Pascal Petroz représente près de 80 épargnants lésés. Pour lui, le problème est clair: «Dans les prospectus d’émission des obligations, il était question d’investissements solaires. Mes clients voulaient contribuer à la transition énergétique, pas financer de l’immobilier et encore moins du cannabis, qu’il soit légal ou non.»
Selon l’avocat, l’affectation des fonds n’a pas été respectée. «Lorsque de l’argent est confié avec un objectif précis, l’affectation de l’argent doit être respectée. Sinon, on tombe dans l’abus de confiance, une infraction pénale passible de 5 ans de prison.»
Les auditions évoquent aussi des investissements immobiliers et des placements à l’étranger, notamment au Portugal et en Suisse, dont certains auraient échoué. «Ce qu’on comprend, c’est que l’argent n’est pas parti là où il aurait dû partir», résume Maître Pascal Petroz.
Une phrase qui vaut aveu?
L’un des dirigeants a affirmé que l’utilisation des fonds ne regardait pas les investisseurs, allant jusqu’à déclarer qu’il aurait pu s’acheter un yacht. Une sortie qui scandalise l’avocat. «C’est choquant, parce que ce n’est pas son argent, mais celui des investisseurs qu’il s’est approprié. Mais par cette simple phrase, il s’est assuré une condamnation sévère, car il admet qu’il n’a pas respecté le prospectus des missions ni la volonté des clients.»
Du côté des épargnants, le sentiment reste partagé entre colère et soulagement. «Ils sont choqués par ce qui ressort […], mais contents de voir que la procédure avance. Ils se sentent protégés par le Ministère public genevois», conclut Maître Pascal Petroz.