Service citoyen: une initiative jugée trompeuse, selon la gauche
Un comité référendaire s’est formé à Genève pour s’opposer à l’initiative fédérale sur le service citoyen. Composé de partis de gauche et de syndicats, il dénonce un texte « trompeur » qui, selon lui, profiterait avant tout à l’armée et accentuerait les inégalités sociales. Les initiants, eux, défendent une modernisation nécessaire de l’engagement citoyen.
Dans un spot de campagne de six minutes, les partisans de l’initiative présentent leur vision : rendre obligatoire l’engagement pour toutes et tous – femmes et hommes – afin de renforcer la cohésion nationale et moderniser le système de milice. Ils estiment que le texte favoriserait l’égalité entre les sexes, développerait des compétences utiles et répondrait mieux aux besoins de la société et de l’environnement.
La gauche dénonce une initiative «dangereuse et trompeuse»
Réunis à la Maison des associations, les membres du Comité unitaire genevois contre l’initiative sur le service citoyen– regroupant les jeunesses des partis de gauche et plusieurs syndicats – ont vivement critiqué le projet.
« Cette initiative prétend renforcer la citoyenneté et la solidarité. En réalité, elle va surtout renforcer l’armée et creuser les inégalités », affirme Teo Frei de solidaritéS, membre du comité référendaire.
Selon lui, le texte ouvre la porte à un service obligatoire pour les femmes et potentiellement pour les personnes étrangères, tout en rendant l’avenir du service civil « flou et incertain ».
Les opposants dénoncent également une double charge pour les femmes.« Cela représenterait une double peine pour celles qui effectuent déjà un travail domestique non rémunéré et subissent encore des inégalités salariales », souligne Yasemin Amorim-Esenli, des Jeunes Verts.
Les initiants défendent un choix élargi
L’initiative a été lancée par un comité interpartis, soutenu notamment à Genève par le PLR et le Centre. Ses promoteurs assurent qu’elle vise à élargir les possibilités d’engagement.
«Avec le service citoyen, c’est l’obligation de servir qui est réaffirmée, mais chacun pourra choisir la forme de son engagement. Si certains optent pour l’armée, d’autres pourront s’investir dans un service civil», explique Vincent Gillet, secrétaire général du Centre.
Selon lui, cette réforme permettrait enfin aux personnes inaptes à l’armée de contribuer autrement à la collectivité.
Le Conseil fédéral reste opposé
Le Conseil fédéral a pris position contre l’initiative, qu’il juge excessive. Pour le gouvernement, le service obligatoire doit avant tout garantir les effectifs de l’armée et de la protection civile.
Berne estime qu’une telle réforme ferait doubler le nombre de personnes concernées, créant une administration trop lourde et coûteuse.